II. Déroulement de l’action

Ici l’objectif a été de stimuler les interactions autour des pratiques de terrains des agriculteurs afin de comprendre la réglementation liée à l’application des produits phytosanitaires. Comment envisager la réduction de l’IFT d’une parcelle où d’une exploitation en se basant sur un cas pratique et en introduisant les aspects réglementaires du Certiphyto ?

Un support de visite permet d’aborder avec plus de simplicité certains sujets comme les dégâts de culture liés à une mauvaise gestion du fond de cuve, le rangement du local phyto, la stratégie de l’agriculteur. Cela entraine une plus grande appropriation des sujets et une implication humaine et technique.

Dans le cadre de cette formation, dont le contenu est très encadré, la première journée de formation est dédiée à la réglementation et la sécurité environnementale (dans le contexte de cette expérimentation, la visite a été réalisée l’après-midi de cette première journée). La seconde journée est dédiée à la santé et la sécurité de l’applicateur et à la réduction de l’usage des produits phytosanitaires.

Jour 1 :

• Matinée : tour de table, attentes, enjeux, intro avec définitions (produits phyto =/= pesticides), contexte, état d’esprit (certification vue comme une contrainte) : poser un cadre bienveillant et de confiance à la formation qui peut parfois être tendu.
• Après-midi : Visite pour aborder les sujets d’une autre manière.

Une demi-journée a été réalisée sur une exploitation agricole d’un participant volontaire avec une forte orientation céréalière. Un appel en amont de tous les participants a permis d’organiser cela : l’un des stagiaires résidant à proximité s’est révélé favorable à ce modèle. Le groupe était composé d’un maraîcher en agriculture bio, un éleveur de chevaux avec des parcelles en culture, et 6 agriculteurs sur des exploitations de type polyculture élevage.

J2 : alternatives et test

La visite a permis d’aborder de façon très concrète, et en suscitant le dialogue, les thématiques requises par la formation Certiphyto : la santé et la sécurité de l’applicateur, les pictogrammes, les Equipements de Protections Individuels, la Fiche de Donnée de sécurité, la pulvérisation, les buses, les Zones Non Traitées Riverains et ZNT de l’arrêté fossé, les maladies des cultures, les méthodes utilisées par l’exploitant afin de réussir ses cultures, et bien d’autres sujets.

Lors de ce temps chez l’agriculteur, un échange entre les participants s’est amorcé dans deux parcelles, une en blé où l’exploitant a évoqué ses problématique (septoriose) et les leviers mobilisés pour y remédier (choix variétal, tour de plaine régulier, mélange de variétés, densité de semis). Nous avons aussi abordé dans la parcelle de colza la gestion du fond de cuve puisque des brûlures significatives de la culture étaient constatées. La formatrice intervient pour lancer les sujets et orienter les échanges.

A l’issue de cette journée, les stagiaires ont échangé entre eux par petits groupes en s’isolant pour parler des méthodes alternatives sur leurs systèmes et identifier des axes d’amélioration. Cette action a favorisé les échanges et l’intérêt des participants pour les sujets abordés.

III. Retour sur cette adaptation de la formation

La mise en œuvre de cette activité est tributaire de la disponibilité des professionnels : cette démarche est beaucoup plus chronophage d’une formation Certiphyto « classique » et la possibilité de se rendre chez l’un des participants n’est pas garantie.

Ce format de formation semble être néanmoins une réponse satisfaisante aux besoins des agriculteurs puisque cette visite a permis à chacun d’être actif, tout en évoquant des aspects règlementaire et/ou technique. La plus-value la plus notable est que cette activité a permis de créer des ponts entre des secteurs qui n’ont pas toujours l’occasion d’échanger et de se comprendre : aussi, les retours des professionnels ont été très satisfaisants. En effet, cette action a bousculé l’image que les agriculteurs/ professionnels ont du Certiphyto et des pratiques mises en place sur des systèmes différents des leurs.

Le fait que la parole se fasse entre pairs (et non plus une parole descendante du formateur au stagiaire) renforce l’intensité des propos par rapport aux sujets abordés en augmentant la crédibilité de ceux-ci.