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De la sobriété énergétique vers l’amélioration des conditions de travail au vignoble de Bel-Air

Le Château de Bel-Air, le domaine du lycée agro-viticole de Belleville-en-Beaujolais, poursuit ses efforts pour améliorer ses pratiques. Il vient d’acquérir un enjambeur électrique, appelé Alpo, qui reflète une volonté de modernité et d’agroécologie, en cohérence avec l’amélioration des conditions de travail des employés.

Le domaine viticole du lycée agricole « Château Bel-Air » de Belleville en Beaujolais s’étend sur 18 ha, dont 12 ha consacrés aujourd’hui aux crus Beaujolais Morgon, Moulin à Vent et Brouilly. Ces dernières années, le domaine a diversifié sa gamme de vins en plantant des cépages blancs, notamment du chardonnay. C’est un domaine qui ne cesse de se renouveler et de s’adapter aux enjeux actuels. Il est ainsi engagé dans une démarche de conversion à l’agriculture biologique depuis septembre 2021. Pour mener à bien cette conversion, il a été notamment nécessaire de renouveler son équipement et diversifier ses pratiques culturales, pour produire des vins de qualité tout en protégeant l’environnement et en améliorant le bien-être des salariés. 

Les conséquences heureuses du choix de l’enjambeur électrique

En 2021, l’exploitation avait deux enjambeurs obsolètes. Il fallait les remplacer pour effectuer correctement les travaux dans les parcelles, notamment les travaux d’entretien des inter-rangs et sous le rang dans les vignes. Cela était indispensable pour maîtriser les adventices en agriculture biologique. Pour cela, l’exploitation a décidé d’investir d’abord dans un enjambeur d’occasion Tecnoma S120 et de garder un des deux engins existants sur l’exploitation (un Loiseau Dogger 7H). Mais surtout, grâce à une subvention du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, un enjambeur Alpo de Sabi Agri fonctionnant entièrement à l’électricité, arrive sur l’exploitation en mars 2023. Ce tracteur avait auparavant été testé sur le vignoble de Bel-Air pendant deux mois au cours de la campagne 2022 et avait suffisamment séduit pour motiver l’investissement. En parallèle, l’exploitation a aussi acheté le matériel de travail du sol adapté à ce tracteur. Il s’agit d’outils qui demandent très peu de puissance hydraulique, ce qui permet de conserver l’autonomie de l’engin et ainsi de faire sans problème une journée de huit heures de travaux avec une recharge nocturne des batteries.

Après une saison entière, ce tracteur électrique utilisé sur le domaine a fait ses preuves. Nicolas Chaffurin, directeur du domaine, lui trouve de nombreux avantages par rapport aux tracteurs classiques. D’une part, et sans surprise, il réduit la consommation de GNR (Gazole Non Routier) sur l’exploitation, ce qui diminue les émissions de gaz à effet de serre et les coûts de production. En 2023, la consommation de GNR sur le domaine a ainsi été divisée par deux par rapport à l’année d’avant (il faut cependant prendre en compte aussi la consommation électrique du tracteur). D’autre part, et de façon plus inattendue, il offre également plus de confort et de sécurité aux utilisateurs, grâce à sa facilité de conduite, son silence, sa limitation des vibrations et son absence de fumée. Cet enjambeur est donc un véritable atout pour améliorer la qualité du travail sur le vignoble. Aujourd’hui, et contrairement à avant, avec les anciens enjambeurs, ce tracteur est accessible à tous les salariés du domaine grâce à sa simplicité d’utilisation et son confort de conduite (selon Guillaume Ceresa, salarié du domaine, et Léonie Eltsigher, apprentie). Et ils sont tous d'accord pour dire qu'il est beaucoup plus facile de travailler une journée entière sur le tracteur électrique que sur les tracteurs thermiques. 

De multiples idées innovantes pour poursuivre la trajectoire d’évolution

Pour aller plus loin dans les changements de pratiques que la simple application du cahier des charges AB, l’exploitation est aussi impliquée dans plusieurs projets visant à valoriser la biodiversité et les services écosystémiques. Elle participe notamment aux programmes Ecophyto’TER et Res’AB, qui encouragent les pratiques agroécologiques dans les exploitations viticoles. Cela se traduit sur le Château de Bel-Air par la mise en place d’une parcelle de vigne en agroforesterie, où des arbres sont plantés dans les rangs de vigne, créant ainsi un microclimat favorable à la régulation des maladies et des ravageurs, à la protection du sol, à la conservation de la faune et de la flore. C’est également un levier pour mieux s’adapter au changement climatique. L’exploitation réalise également des tests sur l’utilisation des animaux pour l’entretien du vignoble, réduisant ainsi les intrants et le travail mécanique. Après avoir accueilli des brebis de l’exploitation agricole du lycée de Cibeins, elle héberge aujourd’hui deux cochons, qui se chargent de désherber et de fertiliser une parcelle de vigne.

Le directeur d’exploitation ne manque pas d’idées pour aller plus loin dans sa démarche de progrès et d’innovation. Il réfléchit actuellement à la mise en place d’un conservatoire agroforestier de variétés de pommiers et de poiriers, qui permettrait de préserver le patrimoine fruitier local et éventuellement de diversifier les productions. Il envisage aussi de rénover les installations de la cave, pour les adapter à l’évolution de la gamme des vins du domaine, notamment pour la vinification des blancs et pour les moderniser en les rendant plus facilement pilotables. Et pourquoi pas expérimenter de nouvelles solutions pour optimiser la mécanisation électrique sur le vignoble ? Avec, par exemple, l’acquisition d’un robot de Sabi Agri, qui pourrait travailler en « accord robotique » avec le premier tracteur électrique du domaine, ou la réalisation des travaux de traitement avec un autre robot, toujours dans le but d’améliorer les conditions de travail sur le domaine (des tests ont été réalisés sur le domaine avec le robot YV01 de Yanmar). Les possibilités d’investissements ne permettront évidemment pas de réaliser toutes ces idées, mais une chose est sûre : l’équipe est bien dynamique !


3 questions de fin à Nicolas, directeur de l'exploitation : 

De quoi es-tu le plus fier ?

De la conversion en AB du domaine, car c’est une vraie réussite à ce jour, du point de vue de l’évolution des rendements et des relations avec la profession. Et aussi de mon équipe car aujourd’hui je suis accompagné et j’espère les accompagner au mieux.

S’il fallait améliorer quelque chose ?

Les liens avec la pédagogie et l’équipe enseignante du lycée qui pourraient encore être meilleurs. Ce n’est finalement pas plus simple d’avoir été enseignant sur l’établissement par le passé. Cela ne donne pas plus de légitimité ou de facilité, au contraire.

Un conseil pour un éventuel successeur ?

Bien travailler son ancrage sur le territoire et avec les professionnels, et choyer ce lien. C’est ainsi qu’on acquiert sa légitimité.


 

Les chiffres clés de l’exploitation

Surface : 18 ha de surface totale, dont 14 ha en appellation et 12 ha plantés actuellement, en appellation Beaujolais blanc et rouge, Morgon, Moulin à Vent et Brouilly.

Main d’œuvre : une assistante de direction, un salarié polyvalent cave et vigne, une salariée pour les travaux à la vigne, et une apprentie.

Gamme de vin : Beaujolais blanc, Bourgogne blanc, Crémant de bourgogne, Beaujolais rouge, et une gamme de cru du Beaujolais : Morgon, Brouilly et Moulin à Vent.


Contacts utiles :

Nicolas Chaffurin, directeur de l’exploitation : nicolas.chaffurin(at)educagri.fr

Nathalie Madon, directrice de l’EPL de Belleville : nathalie.madon(at)educagri.fr

Mathilde Campedelli, DRAAF-SRFD AuRA : mathilde.campedelli(at)agriculture.gouv.fr

Site internet du domaine : https://lycee-belair.fr/decouvrez-le-domaine/

Lien vers l’intervention de Nicolas Chaffurin lors de l’Agrowebinaire d’Agreenium du 14/11/2023 « Le rôle des technologies numériques dans la sobriété énergétique » (voir à partir de 33min45s): https://www.youtube.com/watch?v=C8V4jst_apQ

Septembre 2024– Vincent Jéhanno, animateur Réso'them de l'enseignement agricole