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Animation et développement
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Brioude : en route vers l'autonomie alimentaire, le respect de la santé et du confort des animaux et des humains

Implantée sur deux sites distincts, la ferme de l’EPLEFPA de Brioude a développé deux systèmes de production très différents. Ils affichent toutefois des objectifs communs : la sélection génétique, la recherche d’autonomie alimentaire ainsi que la santé et le confort des animaux et des humains. Cela passe par un travail au quotidien et des améliorations continues…

Aux portes de Brioude, le siège de l’exploitation, localisé à Bonnefont, accueille une soixantaine de vaches laitières Prim’Holstein hautes productrices, conduites en système intensif. « L’installation d’un robot de traite a été décidée en 2010. C’est un mode de fonctionnement qui nous convient même si l’organisation parcellaire ne permet pas aujourd’hui aux vaches de pâturer » nous explique Candice Ferreira, directrice de l’exploitation.  Les 500 000 litres de lait produits sont collectés par la coopérative Sodiaal et transformés à Brioude. L’exploitation s’est toujours orientée vers la sélection génétique : véritable outil de gestion du troupeau, elle permet une connaissance fine des animaux. Ainsi, les animaux sont génotypés, l’insémination des meilleures vaches assure un progrès génétique soutenu. Le recours à la semence sexée favorise la naissance de femelles et assure un renouvellement de qualité. Un taureau, deux vaches de race Ferrandaise et leur suite ont rejoint le site en 2016. Originaire du Puy-de-Dôme, cette race dont le nom fait référence à Clermont-Ferrand, est constituée de seulement 38 00 vaches en France. « Le lycée contribue modestement à sa sauvegarde tout en participant à l’animation du territoire » précise Candice. En effet, les apprenants participent à la fois à des comices locaux ainsi qu’à des évènements (inter)nationaux professionnels et grand public tels que  le Sommet de l’élevage à Clermont Ferrand ou le Trophée international de l’enseignement agricole lors du Salon International de l’Agriculture  (SIA) à Paris.

Le site du Chariol, à six kilomètres du siège de l’exploitation, est pour sa part conduit en agriculture biologique depuis 1992. C’est l’un des premiers sites qui s’est engagé en AB dans l’enseignement agricole. 400 brebis de race Bizet, race rustique, emblématique de la région, produisent des agneaux qui seront pour partie engraissés à l’herbe. La conduite permet de réaliser trois agnelages en deux ans. Là encore, l’exploitation est engagée dans la sélection génétique et la préservation de la race ; chaque année, entre huit et dix agneaux entrent en station d’évaluation de jeunes béliers pour être évalués génétiquement. Les meilleurs d’entre eux pourront être utilisés par les éleveurs pour contribuer à l’amélioration génétique.

Un atelier volailles de chair biologiques en intégration (accord entre le producteur (ou le groupement de producteurs) et une entreprise, comportant obligation réciproque de fourniture de produits) vient compléter les productions animales. Les deux bâtiments, de 480 m² chacun, accueillent 4 800 volailles par bande soit environ 26 000 poulets produits par an. Ils sont élevés sur un parcours extérieur arboré pendant environ 90 jours. Ovins et poulets co-pâturent parfois (pâturent les mêmes parcelles à des périodes différentes), même si les agneaux bizets ont tendance à consommer les feuilles des arbres implantés dans les parcours volailles. 

L’autonomie alimentaire comme principe

Que ce soit à Bonnefont ou au Chariol, l’ensemble des surfaces est destiné à l’alimentation des animaux. L’ensilage de maïs, cultivé sur 15 hectares, constitue la base de la ration des vaches laitières. Depuis deux ans, Candice a diversifié les assolements afin de gagner en autonomie protéique. Ainsi, 12 ha de luzerne ont été implantées avec réussite. « Intégrer de la luzerne dans notre assolement a eu de multiples avantages. Cela nous a permis de diminuer par deux la quantité de soja acheté et consommé par les vaches laitières » explique Candice. La diminution a été particulièrement sensible à l’auge puisque la complémentation individualisée lors de la traite au robot permet d’adapter les concentrés aux besoins en production de la vache. En parallèle, la culture de méteil en dérobés (pois, féverole, seigle forestier, vesce) permet d’obtenir un enrubannage riche en protéines. Sur l’autre site, les 55 hectares permettent l’alimentation des ovins (ensilage d’herbe, mélange triticale-pois, pâturage) et les parcours volailles. Le pâturage tournant dynamique sur les surfaces en herbe (70% de la surface) augmente la productivité de l’herbe. Le principe est de faire pâturer le troupeau successivement sur plusieurs parcelles pour valoriser au mieux la pousse de l’herbe. L’objectif est que les animaux pâturent une herbe toujours au bon stade végétatif. Cette gestion fine permet d’engraisser des agneaux à l’herbe, véritable fierté de Candice. Les volailles, en intégration, ne consomment pas de cultures de l’exploitation. Elles contribuent cependant à la cohérence du système agronomique puisque le fumier de volailles, riche en azote, est un atout pour le site en agriculture biologique. La conduite cohérente et complémentarité entre volailles et ovins permet d’assurer l'autonomie de l'atelier ovin et pérennise l'emploi sur le site du Chariol.

La santé et le confort au quotidien

Pour Candice Ferreira, c’est une évidence, le confort et la santé des troupeaux sont intimement liés. A son arrivée en 2021, elle a constaté des problèmes respiratoires persistants chez les veaux et la présence de dartres, symptômes de la teigne, maladie fongique. Les veaux étaient élevés en nurserie, dans un bâtiment peu ventilé, peu facile d’accès. Une action rapide était nécessaire puisque la teigne est une zoonose, maladie contagieuse transmissible aux humains. Les veaux occupent maintenant des niches, situées à l’abri, contre le bâtiment des vaches laitières. Les veaux passent de niche en niche : niche individuelle, puis niche collective de taille moyenne puis de plus grande taille. Les problèmes sanitaires sont résolus. Chaque niche a un accès extérieur qui contribue au confort des animaux. Les niches sont posées sur une dalle avec récupération des jus vers la fosse à lisier. Le coût des équipements et des travaux a été pris en charge par le conseil régional. 

En parallèle, des matelas à poches d’eau ont été installés dans les logettes des vaches laitières. Ils diminuent les points de pression au niveau des pattes, des mamelles et réduisent les problèmes au niveau du jarret. Des ventilateurs avec sonde de température améliorent le confort thermique des animaux. En effet, le bâtiment des vaches laitières, bien que toujours opérationnel, n’est pas complètement adapté aux fortes chaleurs. « Lors de la construction, une ouverture du bâtiment sur le côté sud était pertinente. Aujourd’hui, il serait plus intéressant qu’elle soit côté nord » constate Candice. Le financement de ventilateurs a été réalisé dans le cadre du plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles

Les humains ne sont pas oubliés pour autant. Si le robot permet de limiter la contrainte de la traite à heure fixe, des petites améliorations facilitent le travail au quotidien. Par exemple, l’installation d’un lavabo avec eau chaude fait gagner du temps dans la préparation de l’alimentation des veaux (poudre de lait). L’installation d’une cage, qui servait auparavant au parage à la sortie du robot de traite permet une contention efficace des animaux et le travail en sécurité des salariés, des élèves et des enseignants pour le soin aux pattes, les interventions sanitaires, le test de détection de mammites par exemples.  Un robot repousse fourrage est également présent.

L’exploitation de Brioude est à la recherche constante d’améliorations. Elle est engagée dans des pratiques plus agroécologiques : le semis direct réalisé sur certaines parcelles l’année dernière a fait ses preuves à court terme : la baisse de rendement observée (10 qx/ha) est compensée par une diminution des charges.  Cela s’intègre au raisonnement plus global de l’allongement des rotations, de la diversification de l’assolement et dans le développement de l’agriculture de conservation des sols. Les projets ne vont pas s’arrêter là puisque qu’un nouveau bâtiment devrait sortir de terre 2025, permettant l’accès au pâturage des vaches tout en gardant la traite au robot, qui sera renouvelé pour l’occasion. Pour compléter l’automatisation des tâches dans le bâtiment, un aspirateur robot à lisier est également envisagé, avec fosse enterrée et fumière couverte.


Trois questions à Candice Ferreira, directrice de l’exploitation : 

De quoi êtes-vous la plus fière ? « Je suis fière de l'évolution des pratiques de l’exploitation : développement de l'agriculture de conservation des sols, davantage d'autonomie azotée, agneaux à l'herbe au Chariol. De son utilisation pédagogique aussi pendant les cours et avec le club ferme. Les bonnes relations dans les équipes nous permettent de faire beaucoup de choses sur l’exploitation. Finalement, l’exploitation est de plus en plus utilisée : les équipes du lycée et du centre de formation sont très impliquées et de nombreux partenariats professionnels permettent de mettre en place de l’expérimentation (Cap Protéines, etc.).

- S’il fallait améliorer quelque chose ? « La situation économique est frustrante, on peut être bon techniquement, les efforts que l'on fait ne sont pas toujours visibles économiquement ».

-Quel conseil donneriez-vous à un successeur ? « Bien garder la stratégie globale qu'il a défini car c'est facile de partir dans tous les sens. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent avec l'exploitation, cela peut générer des problèmes en interne et comme partenaires, c’est très compliqué de tenir compte de tout le monde. Il faut aussi bien s'ancrer dans son territoire »


 

Chiffres-clés :

Main d’œuvre : 3 ETP (1.7 sur le site de Bonnefont et 1.3 sur le site du Chariol)

Productions : 

  • Site de Bonnefont, agriculture conventionnelle, 65ha, 60 vaches laitières de race Prim Holstein, céréales autoconsommées, ensilage d’herbe, ensilage de maïs, enrubannage et foin, prairies temporaires et permanentes

  • Site du Chariol, agriculture biologique, 55 ha, 400 brebis de race Bizet 26 000 poulets produits par an.

Contacts :

 

Mai 2024, Vincent Jehanno, Hervé Longy, Emmanuelle Zanchi, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole