Février 2020 - Françoise Degache et Hervé Longy, animateurs Reso’them de l'enseignement agricole
Bergerac : Vers une conversion à l’agriculture biologique de l’ensemble du vignoble
Un domaine actuellement en AB et en conventionnel
Le domaine et l’établissement de formation (lycée, CFA, formations pour adultes de l’EPLEFPA de Dordogne) ont été créés par le ministère de l’agriculture en 1962. Depuis 1995, le domaine est exclusivement couvert de vignes, excepté un verger conservatoire de pruniers, témoin des vergers plantés à sa création.
Actuellement les 31 ha de vignoble permettent la vinification d’AOP :
- 21 ha en Monbazillac dont 11,5 ha en AB depuis 2013,
- 10 ha en Bergerac rouge, rosé et blanc (dont du Côtes de Bergerac moelleux)
Tous les ans, 0,5 ha sont renouvelés, dans un objectif de pérennisation du vignoble.
Signalons aussi la particularité des vendanges du Monbazillac, par tris successifs en Octobre-Novembre : trois passages, voire quatre, pour récolter et vinifier progressivement des raisins en sur-maturité, avec le développement du champignon microscopique Botrytis cinerea provoquant l’augmentation de la teneur en sucre des baies.
Des pratiques d’agriculture biologique à étendre à l’ensemble du vignoble
Le vignoble est certifié HVE3 depuis 2013 et démarre en 2020, le processus de conversion à l’AB de toutes les surfaces pour avoir toutes ses cuvées en bio en 2023.
Pour l’ensemble du vignoble, les traitements phytosanitaires de l’AB sont utilisés, notamment le cuivre avec une attention particulière pour ne pas dépasser les doses autorisées (1.7 kg/ha en 2019) et les produits de biocontrôle (confusion sexuelle contre les vers de la grappe et les cicadelles). Les amendements (broyats de végétaux et de sarments) et les fertilisants organiques autorisés en bio sont aussi utilisés. La principale modification dans le vignoble sera donc au niveau de l’entretien du sol, puisque le désherbage sous le rang ne pourra plus se pratiquer par désherbage chimique comme dans les parcelles conventionnelles actuelles. L’usage des disques émotteurs et lames inter-ceps dans les parcelles AB devra donc être généralisé à toutes les parcelles, ce qui, avec des passages plus fréquents pour la protection phytosanitaire, augmentera les temps de travaux dans les vignobles et le tassement des sols. De plus, les vignes en conventionnel actuellement enherbées par la flore spontanée entre les rangs, pourront aussi être semées, un rang sur deux, de couverts végétaux (mélange céréales et légumineuses) comme dans les vignes AB depuis 2016 afin d’apporter un engrais vert.
Et l’agroécologie ?
Pour Benjamin Boisson, directeur de l’exploitation depuis octobre 2019, il s’agit de « mieux intégrer les cultures dans leur environnement, sans le dégrader et en symbiose avec le territoire ». De plus, « avec le changement climatique et les attentes sociétales, l’AB permet de limiter les impacts sur l’environnement… »
Avec les chambres d’agriculture de Dordogne et de Gironde, de nombreux essais sont en cours, comme par exemple, avec des huiles essentielles d’orange et des biofertilisants pour stimuler les défenses naturelles de la vigne, avec les couverts végétaux dans le cadre du projet Vertigo…
Le domaine participe également au programme VitiREV de la région Nouvelle Aquitaine et organisera une journée sur la biodiversité en Mai 2020.
Des haies ont été plantées entre les parcelles en conventionnel et les parcelles en AB et de nouvelles plantations seront nécessaires pour limiter l’impact de dérives venant de parcelles voisines. Depuis 2018, par convention avec un éleveur (projet Brebis_Link avec la chambre d’agriculture de Dordogne), des brebis pâturent 3 fois par an dans le vignoble. Les brebis limitent la croissance des couverts végétaux en hiver et au tout début du printemps, et consomment quelques feuilles en dégageant les grappes en juillet (grappes non consommées car trop acides pour les brebis). De plus, pour limiter l’utilisation de carburants et les émissions de CO2, des passages combinés, comme le travail sous le rang et le broyage des sarments, sont privilégiés.
D’ailleurs le chai bien organisé et fonctionnel, a été construit avec un aménagement extérieur permettant de limiter les variations de température : des talus végétalisés contre les murs.



Et la pédagogie ?
Bien entendu, comme dans tous les vignobles d’établissement de formation, les apprenants interviennent lors de tous les travaux à la vigne et au chai et disposent de parcelles pour l’apprentissage de la taille. Des stages sont organisés dans le chai et des visites, des interventions sont organisées pour les bac pro CGEVV et les BTSA viti-oeno en apprentissage.
Les 3 questions de fin- De quoi êtes-vous le plus fier ? « La remise en ordre administrative, en conservant une bonne ambiance de travail » |
Chiffres du domaine de la Brie (données 2018) :
Surfaces : 31ha dont 11,5 en AB
Production vinicole : (si pas de gel comme en 2019) environ 1300hl dont 350hl de Monbazillac
Nombre de salariés : 4 ETP ( 3 permanents, 2 apprentis )
Commercialisation : 15% en bouteilles à la propriété et lors d’évènements, 30% en bouteilles à 2 grossistes importateurs, 55% en vrac
Chiffre d’affaires en 2018 : 470 000€
Contacts utiles / en savoir plus :
EPLEFPA de Dordogne : https://www.perigord.educagri.fr/
Directeur d’établissement, Laurent Herbreteau, laurent.herbreteau(at)educagri.fr
Site internet du domaine : https://www.boutique-chateau-la-brie.educagri.fr/
Exploitation viticole : Benjamin Boisson, directeur d’exploitation, benjamin.boisson(at)educagri.fr
Proviseur du lycée la Brie de Bergerac : Philippe Bizet,philippe.bizet(at)educagri.fr