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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

Au lycée Charles Naveau et au lycée des 3 chênes, on mixe les filières pour lutter contre les préjugés.

Dans le cadre du projet V’herbage, visant à « Renouer le dialogue entre éleveurs et grand public », des enseignantes et formatrices ont monté un projet pour créer du lien et du partage entre des classes de filière agricole et de filière services aux personnes. 

Le projet V’herbage – « Renouer le dialogue entre éleveurs et grand public sur le territoire de la Sambre-Avesnois-Thiérache », porté par Anna Fournier, cheffe de projet pour les EPLEFPA de Douai (particulièrement les sites de Le Quesnoy et Sains du Nord) et de Fontaine-lès-Vervins, est en cours depuis plus de deux ans. Il s’articule autour de plusieurs actions visant à créer des espaces de dialogue et à faciliter les échanges entre le monde agricole et les habitants du territoire : des actions de sensibilisation du grand public aux enjeux agricoles locaux, des projets avec les apprenants autour de la communication ou encore des ciné-débats pour faire se rencontrer et échanger éleveurs et habitants autour de thématiques agricoles.

 

C’est dans ce cadre qu’ont été menés deux projets intitulés « De la prairie à l’assiette » sur les lycées agricoles Charles Naveau (Sains du Nord) et des 3 chênes (Le Quesnoy), grâce à la mobilisation d’enseignantes et de formatrices. Sur le premier site, le projet a concerné les classes de 2nde SAPAT (services aux personnes et aux territoires) et de CAPa MA (métiers de l’agriculture) ; sur le second, les classes de CAPa MA et de CAPa SAPVER (services aux personnes et vente en espace rural). 

Les objectifs principaux étaient de faire réfléchir les apprenants sur la vision que le grand public a de l’élevage puis sur la vision qu’ont les agriculteurs des consommateurs de leurs produits, de confronter leurs préjugés à la réalité et de les faire créer des supports pédagogiques permettant d’expliquer leur quotidien professionnel. 

 

Sur chacun des deux sites, les apprenants ont participé à ce projet qui s’organisait sur cinq séances, réparties sur plusieurs mois. 

  • Lors de la première séance, les classes ont travaillé indépendamment les unes des autres. Les apprenants ont tout d’abord créé des nuages de mots en répondant à des questions spécifiques à leur filière. Par exemple, les CAPa MA ont répondu aux questions suivantes :
    • Quels sont les mots et expressions qui vous viennent à l’esprit quand on parle des métiers du service à la personne ?
    • D’après vous, qu’ont répondu les SAPAT/SAPVER quand on leur a demandé d’écrire les mots qui leur venaient à l’esprit quand on parle d’agriculture ?

Les apprenants ont ensuite travaillé par groupes sur des posters présentant des éléments du domaine professionnel de l’autre classe. Les SAPAT et SAPVER se sont ainsi penchés sur la journée type d’un agriculteur de vaches laitières ou sur la vie d’une vache, ce qui a enclenché des réflexions sur le vocabulaire et les ordres de grandeurs associés à l’agriculture (combien une vache peut-elle produire de lait par jour ? Combien pèse un veau à la naissance ?). Les CAPa MA se sont eux penchés sur la journée type d’une personne travaillant dans un EHPAD, une crèche, un établissement pour personnes en situation de handicap ou un hôpital. 

  • La deuxième séance était commune aux deux classes de chaque site : les apprenants ont présenté les nuages de mots qu’ils avaient créés à l’autre classe, ce qui a permis de discuter des préjugés sur les deux filières. Les CAPa MA ont ainsi pu constater que, contrairement à ce qu’ils pensaient, les SAPAT/SAPVER avaient certaines bases en agriculture : « Oh, elles connaissent des marques de tracteurs ! », même s’il y a quelques soucis de vocabulaire : « On ne dit pas accouchement pour une vache, c’est un vêlage ! ». Ils se sont aussi aperçus qu’ils n’avaient qu’une vision partielle des métiers de services aux personnes : ils n’avaient pas forcément conscience que les publics concernés étaient aussi bien les personnes âgées que les bébés, les enfants et les personnes en situation de handicap. 
  • Durant la troisième séance, les classes étaient de nouveaux séparées. A partir des posters faits par l’autre filière en séance 1, les apprenants ont créé des supports de communication (posters, affiches, diaporama) et de petites animations ludiques pour expliquer la réalité de leurs métiers. 
  • Lors des deux dernières séances, les classes étaient regroupées. Les apprenants se sont rendus sur le plateau technique ou la fromagerie de l’établissement pour réaliser ensemble des travaux pratiques, comme la confection d’une galette des rois ou d’un smoothie fruité. Les SAPAT/SAPVER ont ainsi guidé leurs camarades à travers les gestes de sécurité sanitaire nécessaires en cuisine collective. Au lycée Charles Naveau, les SAPAT ont également mis en place un petit « concours » de nettoyage de salle de classe après avoir montré aux CAPa MA comment laver les vitres, les tables et les chaises et comment réaliser le balayage humide des sols. Quelques CAPa ont aussi pu montrer leur talent sur le stand de repassage, bouleversant les préjugés que pouvaient avoir les SAPAT au début du projet. « C’est cool de pouvoir montrer qu’on n’est pas des « bouseux » et qu’on sait faire des choses à la maison », a ainsi déclaré un élève de CAPa MA.

Une séance similaire s’est tenue sur les fermes des lycées, cette fois-ci animée par les CAPa MA. A travers des animations, des quiz et des mises en pratique, ils ont fait découvrir aux SAPAT/SAPVER les différentes étapes de la vie d’une vache, son alimentation, les particularités des races présentes sur l’exploitation… Sur la ferme de Potelle, rattachée au lycée de Le Quesnoy, les CAPa SAPVER ont même pu participer à la traite du soir. 

 

Ce projet au long cours a été une réussite pour plusieurs raisons : les apprenants ont apprécié découvrir le domaine de compétences de leurs camarades mais surtout de pouvoir valoriser et partager leurs connaissances et leurs compétences. Le projet leur a permis de confronter leurs préjugés, mais aussi de se rendre compte que les autres élèves n’avaient pas une vision de leur filière si négative qu’ils le pensaient initialement. Certains apprenants ont également souligné qu’ils avaient aimé travailler à partir d’un sujet concret et créer des supports pédagogiques en réponse à une méconnaissance plutôt que sur une demande purement scolaire.

 

Face au succès de ces différents temps d’échanges et de partage entre filières, les enseignantes et formatrices ont exprimé le souhait de reconduire le projet les années suivantes, en incluant potentiellement des échanges entre les deux lycées. 

Pour en savoir plus : 

Contacts : 

Juin 2025 – Anna Fournier, cheffe de projet de partenariat au sein des EPLEFPA de Douai et de Fontaine-les-Vervins, en charge du projet V’herbage