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Agroécologie Tour 2019 à Obernai : de la fourchette à la fourche

En ce 16 mai à Obernai, 530 apprenants sont venus des lycées agricoles de tout le Grand Est pour la finale régionale de l’Agroécologie Tour. Ils passent de stand en stand, échangent et débattent, répondent à des questions, jouent ou font jouer, présentent leurs actions aux autres… C’est l’image riche et foisonnante de cette journée qui a pour thème central les systèmes alimentaires durables. Retour en images et témoignages sur cette manifestation festive et pédagogique, résolument engagée dans la transition agroécologique.

63 équipes de tous niveaux scolaires, 16 établissements, 41 ateliers proposés sur 8 pôles (ou 6 pôles, 2 conférences et un escape game) … Et un principe actif : chaque équipe suit une feuille de route permettant de gagner des points dans différents ateliers animés par d’autres établissements ou des partenaires professionnels. Au-delà d’une compétition, l’Agroécologie Tour est surtout un temps convivial et ludique d’apprentissage et d’échange, qui valorise la réflexion collective, l’imagination et l’action pour développer l’agroécologie. Petit tour de quelques ateliers :

Pôle systèmes agricoles durables

Le lycée agricole d’Obernai présente un atelier de reconnaissance olfactive des différentes variétés de houblon. Les parfums sont étonnants, « Mais pas faciles à identifier ! » s’exclament les élèves de bac technologique, en pleine inspiration… L’exploitation est l’un des seuls producteurs de houblon bio de France. Guillaume Bapst, enseignant en agronomie, présente également une vidéo 3D et une maquette réalisées avec les BTS présentant le projet d’agroforesterie de 10 ha, avec des haies adaptées, pour mieux « concilier biodiversité, production, paysage et image »

Pôle de lutte contre le gaspillage alimentaire

« Foods’up » est le nom du jeu créé par le lycée de Roville-aux-Chênes, sous l’impulsion de Carole Benoit, enseignante en aménagement, et de Laurence Barès, chargée de développement de formation. Ce jeu, inspiré du Times’up, a été choisi parmi les huit qu’ils ont créés. Un membre de l’équipe fait deviner un mot sur le thème des systèmes alimentaires durables, sans le citer, puis en le mimant. Instructif et actif. Laurence précise : « Depuis la rénovation des diplômes, l’entrée agroécologique s’impose. Et suppose un travail collectif dans les équipes pédagogiques ». Amener les apprenants à créer un jeu et l’animer est un excellent support pour ces apprentissages.

Pôle escape game

C’est un des projets phare de la journée, qui a demandé un travail conséquent de  l’ENSAIA  de Nancy, de la DRAAF Grand Est et des enseignants du lycée agricole de Nancy-Pixérécourt. Les élèves ingénieurs, qui pilotent et animent le jeu, en parlent avec fougue : « le jeu se déroule sur cinq tables où les participants, par petits groupes, doivent répondre à différentes énigmes sur les phytos, le bien-être animal, l’alimentation durable, et aussi la construction du prix … C’est interactif, ludique, et le groupe doit s’en sortir ensemble ». Manifestement, vu le nombre de participants, ce jeu a bien plu … certains y sont même revenus !

Pôle biodiversité

« Ces ateliers nous sensibilisent à autre chose pour notre métier d’agriculteur » dit cet élève de seconde agricole de Mirecourt. Sous la tente, deux étudiants de BTS Gestion et Protection de la Nature de l’établissement du Balcon des Ardennes animent les deux maquettes permettant de comparer les impacts de certaines pratiques et infrastructures (haies, bande enherbée, labour, …) sur l’eau et la biodiversité. Les élèves versent de l’eau, observent et donnent leur avis : « même les haies, ça peut servir » lâche un élève. Et finalement, « moins de produits phyto, c’est bon pour la santé…et le portefeuille ». Sur la table proche, Mathie Compagnone, chargée de mission Trame verte et bleue àl’établissement de Metz Courcelles-Chaussy, propose un jeu pour reconnaitre les auxiliaires et comprendre le rôle des haies pour les accueillir.

Pôle conférences

Devant un public nombreux d’apprenants et d’enseignants, Marc Dufumier, agronome réputé, explique que « l’agroécologievalorise un usage intensif de l’énergie solaire, du carbone et des processus écologiques, pour limiter les intrants chimiques et les besoins en eau. » Cela suppose « d’élargir le concept de fertilité à l’ensemble de l’agroécosystème, et de ne plus chercher à adapter l’environnement à quelques variétés fragiles ». Un jeune pose alors la question de l’impact social et Marc Dufumier lui répond que « l’agroécologie est également intense en emplois ». Et propice à la qualité de vie sur les territoires.
Fin de la journée, remise des prix et retour en car… Margaux Cuvier, une des chevilles ouvrières de cette manifestation régionale, apprécie ce temps fort fait « pour les apprenants, par les apprenants ». Chargée de l’animation du réseau des exploitations agricoles et ateliers technologiques à la DRAAF Grand Est, elle y voit une belle manière de sensibiliser, fédérer et valoriser les dynamiques pour Enseigner à produire (et manger) autrement.
Alors à l’année prochaine !

INTERVIEW - Deux questions à Marc Dufumier et Arnaud Daguin :

1 - Quel est l’intérêt pour vous d’être présent auprès des apprenants de lycées agricoles ?
Marc Dufumier : « Le grand public a besoin d’être informé sur ces questions, mais c’est encore plus le cas des professionnels et futurs professionnels. »
Arnaud Daguin : « C’est la génération qui va tenir le guidon de la production alimentaire. Or, à leur âge, ils ne sont pas encore trop prisonniers d’une vision. Il s’agit donc de poser des éléments sur la table pour les aider à construire leurs convictions. »

2 - Quel est pour vous l’enjeu ou l’objectif prioritaire aujourd’hui pour l’enseignement agricole ?
Marc Dufumier : « Le grand défi, ce sont les interactions et l’approche systémique. Si on enseigne une brique sans situer son rôle dans l’édifice, on risque d’être contre-productif. »
Arnaud Daguin : « Voir, lire, entendre, écouter. Il y a d’énormes lacunes culturelles dans l’appréhension de l’interface active entre l’homme et la nature. Depuis 12000 ans, dont 11850 ans d’agriculture bio et 150 de chimique, nous fabriquons du désert en faisant la guerre au vivant. Notre production alimentaire n’a plus aucun sens, ni sur le plan écologique, ni en matière de santé, ni au niveau économique. Il va falloir désormais travailler avec le vivant. »


Références :

Contacts :

  • Jessica Michaut, co-animatrice du réseau des EPLEFPA Grand Est
  • Margaux Cuvier, animatrice du réseau des exploitations et ateliers des EPLEFPA Grand Est, DRAAF

Lire aussi :

  • Agroécologie Tour 2018 à la ferme de La Bouzule (ENSAIA) (pdf)
  • Agroécologie Tour 2017 à Poussay (pdf)
  • Agroécologie Tour 2016 à Metz-Courcelles-Chaussy (lien)

Juin 2019 - Jean-Luc Toullec, animateur Réso'them de l’enseignement agricole