Kelly Dérivé, directrice de l’exploitation de Plagny n’a pas hésité longtemps lorsque Guillaume Bouché, directeur de l’exploitation agricole du lycée de Nevers (même établissement avec trois sites), lui a proposé de faire pâturer par un troupeau de brebis la pépinière et les talus de l’exploitation. « Je ne veux pas utiliser de désherbant chimique. Et c’est dommage de broyer : autant que l’herbe soit valorisée par des animaux » explique-t-elle. Cette pratique fait écho à l'émergence d'écopâturage en milieu urbain. Le pâturage en pépinière est rare, les freins sont nombreux ; les pépiniéristes craignant que les animaux s’appuient sur les troncs, grimpent, mangent les petites feuilles et dégradent les végétaux. Kelly a trouvé appui et conseil auprès du président du conseil d’administration de l’EPLEFPA, éleveur de bovins allaitants et d’ovins. Tenant compte de ses « points d’attention » et ses « tu peux y aller », les deux directeurs d’exploitations et des élèves ont clôturé 1 ha pour le pâturage d’une douzaine de brebis Berrichon du Cher. Ce pâturage n’est pas sans contrainte. Il faut veiller à la disponibilité en eau d'abreuvement, que les clôtures restent en bon état, éviter le surpâturage pour que les troncs ne soient pas rognés par les animaux. Ils y sont restés 5 mois, de juin à octobre 2020. Quelques rameaux de poiriers ont été fragilisés et arbres légèrement abîmés, mais cette première expérience est satisfaisante et sera renouvelée avec du suivi.
L’exploitation participe ainsi activement au projet régional Inter’Actions, “Coopération entre “grandes cultures” et “élevage” au service de l’agroécologie en Bourgogne-Franche-Comté” (soutenu par le fond CASDAR de septembre 2019 à février 2023, et associant quatre établissements d’enseignement : Fontaines, Vesoul, La Barotte et Nevers-Cosne-Plagny) ; il prend part également au projet régional DuresPCE qui étudie la résilience des systèmes d’élevage en Bourgogne-Franche-Comté. La pépinière avait connu un an de cessation d’activité avant l’arrivée de Kelly vers l’automne 2019, il fallait « reprendre la main sur l’entretien » et il y a des enjeux à restructurer certains espaces. Le pâturage de la pépinière contribue à la transition agroécologique engagée par la directrice d’exploitation. Elle projette de développer des hôtels à insectes, d’implanter des haies mellifères pour permettre à la microflore et la microfaune de s’installer durablement et vise la certification « plante bleue », une labellisation HVE des exploitations horticoles.
En savoir plus sur le projet global de pastoralisme de surfaces additionnelles dans l’établissement : lire l’article complémentaire de juillet 2021 « Dans les vignes de Cosne-sur-Loire, des brebis permettent de renouveler pratiques agricoles et pédagogiques ».