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Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

À Contamine sur Arve, de la plaine à l’alpage

Outre son centre équestre et son exploitation d’élevage bovin en plaine, l’EPLEFPA de Contamine sur Arve est dépositaire d’un alpage-école unique en France fédérant 10 établissements de formation savoyards. Rencontre autour des enjeux et des projets avec la nouvelle équipe d’encadrement …

Les bâtiments en bois de l’établissement, adossés à un coteau ensoleillé, donnent du caractère au site de formation. Les 47 hectares de prairies tout autour, où paissent les 40 vaches de race Abondance et le manège du centre équestre où de jeunes écuyers s’entrainent parachèvent l’image pittoresque de l’ensemble. Vincent Auray, le tout nouveau directeur de l’exploitation en bovins lait, confirme : « Ici, l’agroécologie existe de fait, avec les cahiers des charges des AOP Abondance et Reblochon : des prairies naturelles, des haies, un minimum de 150 jours par an à l’herbe et 0,3 vaches maximum par hectare de surface pâturable. » Il poursuit : « Mais avec les changements climatiques, on réfléchit avec le GIEE qui vient de se créer et dans lequel on est partenaire, de planter aussi des arbres pour l’ombrage. »

Il y a égalementle dossier en cours pour la construction d’un nouveau bâtiment d’élevage, qui remplacera en partie l’actuel, vieillissant. « La bonne nouvelle, c’est que l’on est accompagné par l’IDELE pour la conception », précise Emilie Fontaine, la directrice de l’établissement, également nouvellement en poste. Il est vrai que la tâche est complexe pour penser au mieux les systèmes d’aération naturelle et des ouvertures, l’autonomie énergétique … et même l’implantation d’un séchoir pour permettre d’avoir du foin de qualité dès le printemps.
« Pour autant, poursuit Emilie, même si nos pratiques d’élevage sont bonnes, on a entamé une réflexion sur des transitions à engager » : d’abord l’idée de se diversifier avec un atelier caprin qui permettrait d’équilibrer le budget en personnel salarié et d’apporter un support pédagogique supplémentaire pour les BTSA Productions animales. Et aussi le projet de vente directe de viande de veau engraissé, avec un prix de vente attractif et la proximité d’un abattoir non saturé.

Un alpage-école fédérateur sur le territoire

Au début du mois de juin, les vaches laitières, en pleine lactation, prennent leurs « quartiers d’été » à l’alpage-école. Après quelques années de montage de projet et d’essais de pâturages estivaux de génisses par l’établissement, l’alpage-école a été inauguré en 2021, à 1650 m d’altitude sur la montagne de Sulens (à une heure de route de Contamine/Arve).  Avec ses 65 ha (34 de pâturage, 15 ha de forêt et 16 ha de landes), une étable équipée pour la traite, un laboratoire de transformation fromagère et un bâtiment d’hébergement, l’alpage-école est un lieu de production, d’apprentissage, d’expérimentation et d’échanges avec les acteurs du territoire. Morgane Duffy, cheffe de projet de partenariat au lycée de Contamine, a pour mission d’accompagner le développement de l’alpage-écoleexpérimental en vue de la constitution d’un centre de ressources agroécologiques en zone de montagne.

Avec les neuf autres établissements de formation agricole des deux départements de Savoie (publics et privés), l’EPLEFPA vise à former jeunes et adultes aux activités du pastoralisme, de l'élevage et de la fabrication fromagère fermière en montagne, dans le respect de l’environnement en milieu sensible ... « Et c’est un vrai plus pour le recrutement des jeunes et du personnel ! » s’enthousiasme la directrice. La vie à l’alpage est rythmée, très intense et conviviale : soins aux animaux, traite, gestion des pâtures et surveillance des animaux et de la disponibilité en herbe, transformation fromagère, accueil des randonneurs au point de vente, préparation des repas pour toute l’équipe. Chaque semaine de juin à septembre, deux à quatre élèves participent à l’ensemble des travaux avec Louisa Daude, la bergère du lycée de Contamine et Baptiste Dechenaux, le fromager de l’ENILV de La Roche sur Foron. Du lundi au samedi, chaque matin, environ 650 litres de lait (issus de la traite du matin et de la veille au soir) sont transformés en fromage Abondance. Les traites du week-end seront transformées en Tomme de Savoie le lundi matin, puisque le cahier des charges de l’Abondance impose que l’emprésurage intervienne dans un délai maximal de 14 heures après la fin de la traite la plus ancienne. 90 litres de lait sont nécessaires pour la fabrication d’un fromage Abondance et 15 litres pour une tomme.

Une des contraintes majeures, exacerbée par l’évolution du climat, reste la ressource quantitative et qualitative en eau d’abreuvement. Un bassin de stockage d’eau de sources a dû être aménagé (pour une autonomie de 40 jours environ), traité par une pompe à chlore et des lampes UV pour garantir une qualité d’eau optimale, déterminante dans la fabrication de Reblochon au lait cru. A l’alpage, les apprenants sont sensibilisés au quotidien sur la préservation de cette ressource. Le manque d’eau se fait également sentir dans les prairies. « En 2022, avec la sécheresse, on a dû redescendre le 23 août, trois semaines plus tôt que prévu, car on manquait déjà d’herbe » précise Vincent. Louisa, la bergère, est particulièrement attentive à la gestion du pâturage, pour préserver une flore diversifiée, appétante et nutritive. Par exemple, au printemps 2023, elle a expérimenté le déprimage de certaines parcelles.

Sensibiliser au « partage de la montagne »

Mais le tour d’horizon des actions et projets ne limite pas pour autant la réflexion de l’équipe sur les nouveaux enjeux à venir : « Il faudrait sensibiliser davantage ici les professionnels de l’agriculture et les autres publics au partage de la montagne, avec le risque de fermeture des alpages et de perte de biodiversité… et également la présence du loup qui induit la crainte d’attaques sur des génisses et la baisse de production de lait lié au stress des animaux », précise Emilie Fontaine.
Par ailleurs, la question de la diversification de l’agriculture va se poser ici également : le prix du lait reste intéressant en zone AOP, la tendance au maintien de la mono-activité d’élevage, au détriment de la production maraichère par exemple, risque d’aboutir à des situations problématiques à gérer à plus ou moins long terme sur un territoire à très fort développement démographique…


En savoir plus :

Site de l’EPLEFPA : https://epl.contamine.educagri.fr
Site de l’alpage école : https://alpageecoledesulens.wixsite.com/website
Frise chronologique alpage-école (pdf à télécharger)

Contacts :

Vincent Auray, directeur de l’exploitation (élevage bovins) : vincent.auray(at)educagri.fr
Manuel Eichner, directeur du pôle équestre : manuel.eichner(at)educagri.fr
Morgane Duffy, cheffe de projet de partenariat alpage-école : morgane.duffy(at)educagri.fr
Emilie Fontaine, directrice de l’EPLEFPA : emilie.fontaine(at)educagri.fr
Véronique Le-Guen, DRAAF-SRFD AuRA : veronique.le-guen(at)agriculture.gouv.fr


 

Juillet 2023 – Irène Allais, Cédric Boussouf, Dominique Dalbin et Emmanuelle Zanchi, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole