L’EPL de Thiéra’Natura se situe dans l’Aisne, il regroupe plusieurs filières qui comptent 384 apprenants :
- agriculture en général (3ème, BAC STAV option productions, CAPa MA, BPREA) ;
- élevage (BTS PA, BAC professionnel CGEA, Bpa TPA, CS lait),
- végétales et agroéquipement (BAC professionnel agroéquipement, BTS ACD, Bpa TCEEA) ;
- nature (BAC professionnel GMNF et CAPa JF).
Il est composé d’un CFPPA, d’un LEGTA et d’une exploitation. Celle-ci est en système polyculture-élevage en zone bocagère avec 5 secteurs de productions animales : bovin lait, ovin, porcin, avicole et apicole. Les productions végétales regroupent une surface importante en herbe, de la luzerne fourrage, du blé, du colza, du maïs fourrage et des betteraves sucrières.
Pour l’assolement récolte 2022 (136,1 ha de SAU), 47,24% de la surface ne recevait aucun produit phytopharmaceutique et 94,47 % ne recevait aucun traitement à base de glyphosate. Notre établissement regroupe 3 Systèmes De Cultures (SDC) : en agriculture biologique pour 5,07% de la SAU, en agriculture traditionnelle sur le reste de la surface dont le SDC conservation des sols pour 18,78%. L’exploitation poursuit sa transition agroécologique avec pour ambition d’atteindre l’autonomie fourragère, de développer la biodiversité, de réduire l’usage phytosanitaire et de promouvoir une alimentation saine et locale.
Une agriculture rurale qui préserve sa biodiversité et son patrimoine
Selon Agreste 2021, notre département est composé de 4 462 agriculteurs (48% des effectifs de 1979) avec une SAU moyenne de 110 ha caractérisée par les cultures fourragères (30 à 50 % de la surface agricole) et l’élevage laitier. Notre environnement correspond à la région naturelle : présence de bocage, d'herbage, de forêt et de terrains vallonnés.
C’est donc un grand réservoir de biodiversité. Cette richesse a justifié la création d’un Projet Alimentaire Territorial du Pays de Thiérache et un Groupement d'Intérêt Economique et Environnemental « charte ruminant » pour préserver le bocage et valoriser les produits d’élevage du territoire. Notre exploitation est engagée dans cette démarche et 60% de son lait entre dans l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) Maroilles.
Les produits phytopharmaceutiques : un enjeu environnemental et social
Selon la carte Adonis en 2020, l’Indice de Fréquence de Traitement phytopharmaceutique (IFT) total de notre commune (Fontaine-Lès-Vervins) est de 4,22, ce qui nous place à la 8ème position (sur 12). La part du biocontrôle est d’1% et 8% de la SAU est en agriculture biologique. Le constat est le même dans les communes proches. Face aux constats de pollution et de flambée des prix des matières premières, les agriculteurs sont en constante réflexion pour baisser les IFT : reconception, biocontrôle, agriculture biologique... De plus, cet objectif entre dans le plan écophyto II et dans la réforme de la Politique Agricole Commune. L’utilisation de ces produits passe également par l’élevage, l’exploitation respecte à ce niveau le plan écoantibio II.
Certains agriculteurs sont réfractaires au changement. D’autres sont motivés, mais démunis et en manque de conseil. L’élevage demande beaucoup d’heures de travail, l’enclavement de notre environnement rural ne permet pas forcément un bon essaimage de ces nouvelles pratiques. Notre exploitation peut-être un bon support de démonstration, car elle a amorcé sa transition : différents SDC, utilisation de seuil d’intervention, cultures associées…
Une demande locale
Les acteurs locaux ont aujourd’hui le souhait de communiquer sur les actions qu’ils mettent en place en lien avec ces enjeux. Notre environnement local est riche de ces potentiels partenaires : coopératives agricoles, entreprises d’innovation, semencier, chambre d’agriculture, enseignement supérieur, agriculteurs, … L’exploitation souhaite développer ce partenariat au travers d’ expérimentations. Mais une problématique se pose : ces essais ne sont pas toujours valorisés pédagogiquement alors qu’ils sont une mine d’information. Les causes sont multiples : les entreprises qui ne peuvent pas communiquer les résultats, le manque de temps pour mettre en place la collaboration et y intégrer la participation des apprenants et de l’équipe, … Les conséquences sont un manque de communication dans le territoire, un essoufflement des partenaires et un manque de valorisation pédagogique.
En conclusion, l’exploitation de l’EPL est à l’image de notre environnement local. Elle est donc un support éducatif qui peut toucher les acteurs locaux directement à travers des manifestations diverses et indirectement à travers la parole de nos apprenants et la diversité des maîtres de stage. Elle répond aux exigences des politiques publiques, mais les essais qu’elle réalise ne sont pas toujours valorisés pédagogiquement ce qui est l'objectif principal de ce tiers temps.