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Saint-Germain-en-Laye relève les défis des cultures spécialisées

Avec de nouvelles structures inaugurées en septembre 2017, l’exploitation polyvalente de l’établissement de Saint-Germain-en-Laye œuvre pour une production et une commercialisation performantes, engageant à la fois technicité … et protection des ressources naturelles. Entretien avec Philippe Mathé, directeur de l’exploitation.

 

L’établissement de Saint-Germain-en-Laye étend son domaine sur 83 ha (dont 45 ha de SAU), au niveau d’un corridor écologique entre deux forêts, aux contraintes paysagère et architecturale très fortes. Pour autant, il se doit d’être performant et innovant dans ses outils de production, en particulier en floriculture et en arboriculture, dont les filières connaissent actuellement une crise profonde. Ce qui n’a pas l’air de refroidir Philippe Mathé, son directeur d’exploitation : c’est lui qui a suivi la reconstruction des installations, en deux phases principales (bâtiments d’exploitation puis serres), inaugurées en 2017 après des années de chantiers successifs. Le tout sans s’arrêter de produire avec son équipe de salariés et en investissant dans des solutions technologiques…ou de bon sens, pour répondre aux contraintes, améliorer les rendements et protéger au mieux les ressources naturelles. « L’agroécologie, on en faisait bien sûr ici avant qu’on en parle tous ! » résume-t-il, avant d’énumérer les dispositifs mis en place : protection biologique intégrée des cultures, récupération d’eau des toitures dans un bassin de 4 300 m3 pour les cultures vivrières, recyclage (à 80%) de la sub-irrigation en serres verre, récupération des eaux de drainage de la sub-irrigation (dans un bassin enterré) pour utilisation des reliquats de sels nutritifs sur la pépinière, …

Histoire d’eau : Rû de Buzot, noue et phytoépuration

Tout ceci implique d’abord une certaine technicité : compteurs, sondes à pH et à conductivité, circuits hydrauliques complexes, électrovannes de répartition, pompes de puissance (pour remonter l’eau vers le haut des parcelles maraîchères) et pompes de débit (pour réalimenter le bassin de recyclage) … Si l’investissement a pu être soutenu par le Conseil régional Ile de France, c’est avant tout l’exploitation qui a autofinancé la construction des bassins de stockage. L’installation des systèmes hydrauliques sur les parcelles de pépinière et de maraîchage plein champ a été pour sa part assurée par les adultes en formation CS Arrosage intégré et CS Construction paysagère. « On économise en tout 10 000 m3 d’eau par an d’avril à août, ce qui est très bien dans le contexte de changement climatique actuel » précise Philippe, avant d’évoquer les aspects qualitatifs : au fond de la vallée coule en effet le Rû de Buzot, petit affluent de la Seine, essentiellement canalisé. Il a fallu bien sûr au préalable supprimer le barrage érigé à l’époque pour alimenter une pompe directement dans le ruisseau (désormais installée au niveau du bassin de stockage). Puis collecter les eaux de ruissellement des parcelles dans des drains et dans une noue paysagère, les faire transiter dans une zone de lagunage avant restitution dans le cours d’eau. Bientôt enfin, une zone de phyto-épuration sera installée au niveau du bassin au point bas de la vallée, pour compléter le traitement naturel. Et les résultats sont déjà là : « Avant, il y avait des orties partout, signe de surcharge en Azote et Potassium notamment, maintenant il y a de la vie…beaucoup trop même ! » ironise-t-il.

OZ le robot désherbeur

Dans le cadre d’un appel à projet « écophyto » de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, l’exploitation a pu aussi bénéficier d’un financement (inespéré) à 70% pour l’acquisition d’un robot désherbeur mécanique pour la zone de maraîchage. Pas d’hésitation pour le directeur-entrepreneur : OZ (c’est le nom du robot) est magique ! Même si l’on doit élargir les inter-rangs (et perdre 30 % de surface cultivée) et recharger les batteries la nuit, on gagne sur la suppression des intrants, sur l’économie d’eau, sur les besoins en main d’œuvre…et aussi de l’ordre de 20 % en productivité (volume et qualité des produits). Après une douzaine de démonstrations auprès de professionnels du territoire, Philippe note un petit changement de mentalité dans ce milieu plutôt conservateur, notamment auprès de maraîchers bios qui vont passer commande auprès du fournisseur.

L’exploitation de Saint-Germain-en-Laye, aujourd’hui…et demain

Si les nouvelles installations dans les serres permettent moins de diversité d’itinéraires techniques et donc moins de profondeur de gamme, la mise en place d’un Groupement d’intérêt public avec la ville de Saint-Germain-en-Laye a permis le maintien d’une production de plantes à massif (85 000 plants/an) et l’affectation de deux employés municipaux sur les serres de l’établissement. L’exploitation s’est également engagée dans labellisation Végétal local pour la pépinière et dans la certification écoresponsable Plante bleue pour la floriculture (niveau 1 pour l’instant, mise en œuvre du niveau 2 en cours, en lien avec la pédagogie). La clientèle se voit proposer également les fruits et les légumes de l’exploitation (tels quels ou transformés) ainsi que des produits du GIE de l’enseignement agricole dans la boutique de vente (les ventes directes représentent ainsi plus de 80% du chiffre d’affaires). La vente de paniers hebdomadaires (une trentaine actuellement), initiée avec le centre administratif de la ville, devrait prochainement être étendue à d’autres collectivités. De même un projet de drive fermier devrait voir le jour, pour limiter la pré-commande et la livraison, quand la conversion des vergers à l’AB sera définitivement terminée…

Télécharger le fichier du plan du réseau hydraulique de l’exploitation

Le lien à la pédagogie n’est bien sûr pas oublié, « tout le temps, du lundi au samedi » précise Philippe. Si la formation initiale investit surtout l’atelier horticulture florale et le maraîchage pour ses séances de TP, la carte de formation continue pour adultes est désormais bien présente sur l’exploitation, surtout sur les zones vivrières (même si la coordination globale de tous les groupes n’est pas toujours simple). En lien très étroit avec l’atelier technologique « paysage » présent aussi sur l’établissement, l’équipe « production/commercialisation » poursuit sa réflexion autour du projet global 2018-2023 afin d’ouvrir encore plus le domaine sur son territoire et sur les attentes de ses habitants : labellisation écojardin par phases, mise en place sur la zone dite « des plâtrières » de 6,5 ha de jardins familiaux et de maraîchage en permaculture, d’éco-pâturage, … Pas le temps de s’ennuyer à Saint-Germain-en-Laye !

Les 3 questions de fin

- De quoi êtes-vous le plus fier ?« D’avoir sorti la tête de l’eau après tant de tumultes, maintenu les ateliers et les postes en place (hors départs à la retraite) alors que tant d’entreprises ferment dans le secteur »
- S’il fallait améliorer quelque chose ?? « On dépend beaucoup de facteurs exogènes, et à l’extérieur on comprend mal la réalité de nos structures : faisons des entrées projets et non pas chiffres ! L’idée de restructuration date de 1987, je n’étais pas né ! C’est enfin terminé, mais maintenant, les serres risquent d’être obsolètes d’ici 5 ans, et elles vieillissent vite… » 
- Un conseil à donner à un éventuel successeur ?? « Rester optimiste ! Et croire au devenir de l’enseignement agricole… »


L'exploitation de Saint-Germain-en-Laye 2018 en chiffres

. SAU : 1 ha de serres (50 % en verre, 50 % plastique) ; 4 ha de maraîchage (3,5 ha en plein champs, 0,5 ha sous abri) ; 1,5 ha de pépinières ; 2 ha de vergers (une douzaine de variétés de pommes et 3 de poires) en raisonné-intégré et 2 ha de vergers en AB (à terme, 4 ha en AB) ; 28 ha de grandes cultures (gérées par un prestataire) 
. Transformation des pommes et des poires par prestataires (jus et pétillants, sirops, confitures, conserves, compotes, …) 
. 10 ETP (jusqu’à + 4 ETP en saison)
. Chiffre d’affaires : 1 million d’euros : 600 000 € production horticole brut (40% floriculture, 35% productions vivrières, 25% pépinière) ; 150 000 € achats induits (terreau, poterie,…) ; 150 000 € achat-revente GIE enseignement agricole ; 100 000 € services (accueil scolaires, formation d’adultes, prestations d’expérimentations) 

Contacts utiles/en savoir plus

Février 2019 – Dominique Dalbin et Claire Durox, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole