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Animation et développement
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Orange : L’exploitation viticole en AB, une référence pour les professionnels et les apprenants

L’exploitation viticole de l’établissement d’Orange, pôle de référence sur la viticulture et le commerce des vins et spiritueux, répond aux attentes des professionnels du territoire. Elle est certifiée en AB depuis 2012, comme 30% des exploitations viticoles en AOC Châteauneuf du Pape, et développe de nouvelles démarches expérimentales. De plus, grâce à une équipe pédagogique dynamique, les pratiques en AB gérées par Romain Padilla, directeur d’exploitation, sont complétées par des actions de suivi et de maintien de la biodiversité ainsi que par des actions de valorisation de l’agroécologie.

De 1974 à nos jours : la montée en puissance de Chateau Mongin

Créer une exploitation de référence pour les professionnels du territoire a été un objectif dès 1974.  La commune d’Orange a acheté au départ une dizaine d’hectares (avec seulement deux ha d’AOC) puis en 1992, avec la construction du lycée et des bâtiments voisins pour l’institut Rhodanien, 10 ha de plus ont été acquis en viager en appellation village (Les Peyrières). En parallèle de cette évolution des surfaces, une restructuration sur le domaine (arrachages et plantations) a permis une évolution de la qualité des vins produits. De plus, la cave construite en 1982 permet une vinification sur site et une valorisation en bouteilles.
(Voir exploitation viticole en chiffres)

L’implication des partenaires comme source d’expérimentation pour l’agroécologie

Romain Padilla le souligne : « Les professionnels : syndicat des Côtes du Rhône, institut Rhodanien,anciens élèves, viticulteurs en AB, techniciens et élus de la Chambre d’agriculture… participent activement aux instances de l’établissement et  à toutes les animations techniques  et de commercialisation proposées par l’établissement ». C’est un véritable atout : les échanges et les avis de tous permettent de faire les choix d’évolution, dont la conversion vers l’AB, les restructurations vers des vins en AOC et des expérimentations.
Tous les deux ans, les rencontres Rhodaniennes organisées sur le site présentent différents travaux dans lesquels l’exploitation est impliquée ainsi que des démonstrations de matériels viticoles et œnologiques. Signalons entre-autres les travaux pour des adaptations au changement climatique et pour la réduction des intrants.
Les effets prévisibles du changement climatique sont d’ailleurs une des sources de préoccupation pour Romain et pour les professionnels. Romain précise que cela entraîne trois conséquences à gérer : « l’avancement du débourrement puis des risques de gel (peu marqués sur le site grâce au mistral), l’avancement des dates de vendange et l’augmentation en sucres puis en degrés des vins ». Pour répondre à ces problèmes, des expérimentations sont en cours ou en projet :

  • Un essai avec l’Institut Rhodanien d’un croisement entre 2 cépages (Grenache et Syrah)
  • Un projet de recherche et de développement (financé par des fonds CASDAR) sur la bio-protection lors de la vinification : utilisation de micro-organismes consommant les sucres et permettant de limiter les intrants (dont les sulfites)

Pour la réduction des intrants dans le vignoble, l’exploitation fait partie d’un groupe DEPHY ferme, animé par la chambre d’agriculture du Vaucluse : l’ objectif de  réduction de l’IFT  de 22% pour 2020  (de 13 à 9, variable selon les conditions météorologiques) est recherché par le groupe, mais aujourd’hui deux  traitements par an sont encore obligatoires contre la flavescence dorée (à base de pyrèthres, pour lutter  contre la cicadelle vectrice de la maladie). De plus, avec l’Université d’Avignon, des essais avec des ultra-violets pour réduire l’utilisation du cuivre sont en en cours. L’implantation de nouveaux cépages, porteurs de gènes  résistants au mildiou et à l’oïdium, est également envisagée : ces hybrides (Floréal, Voltis, Atraban, Vidoc) sont en attente d’autorisation pour les vins IGP.
La question de l’enherbement et de sa gestion est également travaillée : l’exploitation réalise des essais de différents entretiens du sol, enherbements et paillage. Actuellement, seulement un ha du vignoble est en enherbement par la flore spontanée car il est nécessaire d’éviter la concurrence hydrique estivale. Par contre, des essais d’engrais verts sont en réflexion, en particulier lors de réunion du « Pole VITI » associant équipe de l’exploitation, équipe de direction et équipe pédagogique.

L’implication pédagogique : biodiversité, agroécologie et territoire

La place de l’exploitation et du magasin de vente, au cœur de l’établissement, est un atout pour l’implication pédagogique. Ainsi, les apprenants et l’équipe enseignante de Bac Pro CGEVV (conduite et gestion de l’entreprise viti-vinicole) et conseil-vente sont fortement impliqués dans tous les chantiers de l’exploitation : vendange, taille, travaux en cave, salons…La filière Bac STAV participe aux suivis de la biodiversité. Les BTS viticulture-œnologie (VO) par apprentissage sont également associés pour certaines travaux pratiques comme la taille. Les BTS Technico-Commerciaux et VO développent aussi chaque année des projets avec la cave : création de « cuvée pédagogique », animation de soirée avec les vins de domaine, création de vidéo en français et anglais autour du domaine…
La biodiversité est un sujet de plus en plus mobilisé, sous différents angles. D’une part, la biodiversité cultivée sur l’exploitation est marquée par la multiplicité des cépages : Grenache (56%), Syrah (30%), Mourvèdre (7%), Carignan, Viognier, Roussanne, Grenache blanc, Bourboulenc, Marsanne, …et aussi par une collection ampélographique entretenue par les élèves de Bac Pro CGEVV (conduite et gestion de l’entreprise viti-vinicole).
Sur le plan de la biodiversité sauvage et fonctionnelle, l’établissement est devenu en 2018 site de démonstration de l’observatoire agricole de la biodiversité (OAB).  Trois protocoles sont suivis : papillons, vers de terre et abeilles solitaires, sur trois parcelles différentes, afin de les comparer : une parcelle enherbée, une parcelle désherbée mécaniquement, une parcelle avec une haie diversifiée.  Cette haie implantée depuis quelques années est située sur une parcelle éloignée de l’établissement et une autre haie est en projet pour l’automne 2019, composée de  viorne tin, coronille, baguenaudier, arbousier, romarin, laurier sauce, lantane, genévrier, cornouiller…afin de compléter la biodiversité du site. En effet, le vignoble et le lycée sont situés à proximité immédiate d’une  une zone humide remarquable : le marais du grés, étudié par le CEN PACA, qui contribue à la richesse écologique et paysagère du site.
Si ces actions visent à favoriser la biodiversité dans et autour des espaces cultivés, elles permettent aussi la valorisation de l’exploitation. Ainsi, des actions de communication sur la biodiversité dans les vignobles ont aussi été réalisées et les suivis de l’OAB sont présentés dans la lettre commerciale d’informations de Château Mongin.

Des projets pédagogiques innovants et valorisés à l’international
La dynamique agro-écologique du site est au cœur du travail de l’équipe pédagogique grâce à Elvire Finance,  bénéficiant du dispositif tiers-temps sur le projet « Agroécologie et ouverture à l’international : une démarche innovante sur l’EPLEFPA d’Orange et son territoire» et grâce à Michele Chantrel, référente « Enseigner à produire autrement ». De nombreuses actions de sensibilisation et de valorisation de l’agroécologie sont en cours du fait de leurs implications.
Le jardin agroécologique avec compostage des déchets de cuisine, nichoirs, plantations d’aromatiques, de messicoles, d’engrais verts, de légumes et d’arbres fruitiers permet de faire différents essais avant des implantations possibles dans le vignoble. Un suivi des chiroptères est également en cours et les nichoirs (de chauve-souris et d’oiseaux) construits par les élèves avec l’enseignant d’agroéquipement (Gabriel Gervois) seront aussi installés dans le vignoble.

Les actions « agroécologie et ouverture à l’international » sont largement diffusées par une newsletter en français et en anglais. Un stage au Chili et des dossiers ERASMUS+ avec la Géorgie sont lancés, des projets de formation sont à l’étude, une exposition a été créée… Des jeux sérieux permettant des actions d’innovations pédagogiques ont été valorisés par des fiches pollen, un nouveau  jeu, un quizz (projet EuroEducATES) et  un film  sur le jardin agroécologie sont en cours d’élaboration. Et pour finir, plusieurs sorties nature sont proposées aux élèves pour cette fin d’année scolaire 2018-2019.

Dans les années à venir, cette dynamique pourrait aussi être valorisée dans le cadre d’un colloque qui pourrait associer les partenaires locaux et internationaux (Géorgie, Chili, Iles Canaries…)  et, ainsi , un partenariat de territoire à l’origine de l’exploitation deviendra un partenariat international à la hauteur de ce pôle de référence en viticulture-œnologie certifié en AB, impliqué dans la transition agroécologique.

 

 
L'exploitation viticole en chiffres
  • SAU : 21ha en AB dont 18 ha actuellement productive
  • Vins de pays (IGP) : 1,6ha pour 120 hectolitres (hl)
  • Côte du Rhône (AOC) : 3,9 ha pour 51hl
  • Côte du Rhône Village (AOC) : 11ha pour 440hl
  • Châteauneuf du Pape (AOC) : 4,5ha pour « la santé financière de l’exploitation car représente 33% du chiffre d’affaire » nous a précisé Romain Padilla, seul décideur lors des vinifications
  • Commercialisation : aucun vrac, donc tout est commercialisé en bouteilles depuis 3ans
  • par vente au caveau (10%), aux particuliers (60%), aux cavistes et cafés-hôtels-restaurants (15%),
  • par vente au caveau (10%), aux particuliers (60%), aux cavistes et cafés-hôtels-restaurants (15%),
  • aux GIE (Groupement d'Intérêt Economique) Club des Ecoles Productrices de Vins et d'Alcools de France (15 %)
  • Salariés 2 en production et 2 en commercialisation
  • Récents problèmes météorologiques : stress hydrique en 2017, mois de mai 2018 très pluvieux entrainant une pression mildiou très forte
  • Chiffre d’affaires 2017 : 312 000€
 

Les 3 questions de fin

  • De quoi êtes-vous le plus fier ? « De contribuer à une exploitation en AB, reconnue par la profession »
  • S’il fallait améliorer quelque chose ? « Développer encore les expérimentations »
  • Un conseil à donner à un éventuel successeur ? «Se donner les moyens de stabiliser l’équipe de salariés»
 

Contacts utiles
 

Mai 2019 - Françoise Degache et Jean-Luc Toullec, animateurs Réso’them de l’enseignement agricole