Au cœur du territoire dinannais, le lycée agricole de Caulnes est engagé dans une production diversifiée. L’exploitation de l’établissement a dû repenser en profondeur son orientation à la suite des décisions régionales rendues en 2025 dans le cadre de l’appel à projets pour la modernisation des EPLEFPA. Le non-financement du projet ambitieux de rénovation des porcheries – assorti d’une micro-méthanisation et d’une unité de séchage – a conduit l’équipe à faire un choix : l’arrêt programmé de la production porcine d’ici 2027.

Ce tournant intervient dans un contexte humain particulier, marqué par le départ à la retraite d’un salarié présent depuis quarante ans et par l’arrivée de nouveaux personnels motivés. Pour sécuriser l’avenir de l’exploitation et pérenniser les emplois, le directeur de l’exploitation agricole a engagé un repositionnement stratégique : la spécialisation en production laitière, avec un objectif d’augmentation du troupeau de 48 à 70 vaches et du volume livré. Cette transition s’accompagne d’enjeux techniques, économiques et pédagogiques, mais aussi d’opportunités, notamment sur la gestion des effluents, l’adaptation au changement climatique ou encore le développement de partenariats.

C’est dans ce contexte de transition que l’exploitation du lycée agricole a décidé d’accueillir une journée technique portée par le CASDAR KeepCool. Organisée le jeudi 27 novembre 2025, elle était consacrée au confort thermique des vaches laitières en bâtiment et animée par des partenaires du projet : Bertrand Fagoo (Idele) et Pierrick Eouzan (Chambre d’Agriculture de Bretagne).

Cette formation visait à accompagner les directeurs d’exploitation ainsi que les enseignants et formateurs du territoire souhaitant renforcer leurs connaissances, affiner leurs capacités d’analyse et concevoir des séquences pédagogiques autour du stress thermique et de l’adaptation des bâtiments d’élevage. Pour le directeur d’exploitation du lycée de Caulnes, elle a également constitué un moment privilégié pour dresser un bilan de la stabulation laitière en prévision de l’augmentation du troupeau.

Appuyée sur les références les plus récentes, la journée a permis d’approfondir les connaissances des participants et de partager des pistes d’amélioration concrètes face aux défis posés par le changement climatique. Huit personnes y ont pris part : six enseignants et formateurs, ainsi que deux directeurs d’exploitation. Après une première présentation en salle sur les impacts du stress thermique et les points clés à analyser dans un bâtiment d’élevage, la formation s’est poursuivie par une visite technique des bâtiments du lycée, qui compte 48 vaches laitières avec accès au pâturage.

Ventilation, ensoleillement, circulation, abreuvement, aires de couchage, salle de traite, nurserie, silos : chaque installation a été examinée en détail afin d’identifier les forces et les faiblesses du site. Si plusieurs éléments témoignent d’un bâtiment bien géré, limitant les effets des fortes chaleurs, la visite a également mis en lumière des handicaps « structurels » : 

• Des annexes et silos entravant la circulation de l’air,
• Une nurserie non optimale (« glaciale », volume important, toiture non isolée…).

Mais elle a aussi mis l’accent sur des améliorations simples et peu coûteuses envisageables :

• un accès à l’eau à améliorer pour les vaches taries,
• des réglages de logettes à parfaire,
• des bardages à démonter…

L’exploitation visant une augmentation du troupeau à 70 vaches laitières, l’analyse s’est prolongée par une réflexion sur les adaptations possibles pour concilier agrandissement, confort des animaux et conditions de travail. Le projet devra tenir compte des marges d’évolution limitées des bâtiments actuels. Plusieurs pistes ont été discutées avec les participants : ajout de logettes, aménagements d’aires paillées pour la gestion des vaches à surveiller, déplacement des veaux vers des logements extérieurs pour libérer de l’espace, circulation des animaux, abreuvement, gestion des effluents…

Cette journée CASDAR KeepCool a offert un cadre d’échanges riche autour d’un cas concret, permettant d’identifier les leviers d’action prioritaires et de rappeler l’importance d’anticiper les effets du réchauffement climatique sur les bâtiments d’élevage dans une démarche d’approche globale de la problématique.

Décembre 2025- Delphine Briand, Chargée de mission Pédagogie au CEZ-Bergerie nationale