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Sortir du glyphosate en élevage allaitant à Rodez

Le 20 avril dernier, les membres experts du comité de suivi du projet CASDAR GLYPHOS’EPA (projet de sortie du glyphosate de l’enseignement agricole) ont visité l’exploitation agricole de l’EPLEFPA de Rodez. Vitrine de l’agriculture aveyronnaise, l’exploitation de Rodez est engagée dans l’élevage allaitant en bovins et ovins de races locales. En autosuffisance fourragère, elle dispose d’atouts et d’une forte détermination pour atteindre son objectif de réduction de ses intrants agricoles.

Une exploitation de polyculture-élevage orientée vers l’autosuffisance et la labellisation

L’exploitation se caractérise à la fois par une grande variété de sols (5 grands types : profonds en Causses, Rougier, Ségala et superficiels en Causses et Terreforts) et une dispersion des parcelles (5 îlots en zone périurbaine et rurale). Située en milieu périurbain, l’enjeu de réduction de l’utilisation des pesticides reste une priorité. L’élevage allaitant est valorisé par une labellisation Bleu-Blanc-Cœur en race Aubrac pour les génisses du fait du rajout de graines de lin pour enrichir les rations en oméga 3. Les brebis de race Lacaune viande sont valorisées à travers une production d’agneaux croisés label rouge IGP (engraissement sous label). La ferme a bénéficié ces dernières années de financements importants de la région Occitanie lui permettant de renouveler totalement ses installations et équipements. L’un des enjeux phares de l’exploitation est l’autonomie en intrants notamment via l’autosuffisance alimentaire en substituant les concentrés par des protéines végétales produites sur la ferme (féveroles, luzerne…). La grande fierté exprimée par Sam Sharples, le Directeur de l’exploitation Agricole (DEA), est « le passage de l’élevage laitier à la race Aubrac introduite en 2016. Cette remise à neuf a permis de rétablir l’équilibre économique et de trouver une adaptation au terroir grâce à la rusticité et à l’adaptabilité de l’Aubrac qui mange de tout. ». L’exploitation agricole de Rodez a bénéficié d’une première visite technique initiée par Réso’them et un stagiaire ingénieur pour accompagner la sortie du glyphosate (les photos présentées ici sont issues de ces deux visites). Puis au 1er janvier 2022, l’EPLEFPA s’est engagé pour trois ans dans un projet CASDAR de sortie du glyphosate porté par la DGER et l’Institut Agro de Florac avec la collaboration de Réso’them, de la Bergerie Nationale, de l’INRAE Dijon, de l’ACTA de Toulouse et de SOLAGRO.

Le glyphosate reste utilisé pour la destruction de prairies

L’usage actuel du glyphosate persiste pour la destruction des prairies en sols superficiels de Causses avec beaucoup de cailloux. Après avoir détruit la prairie avec une dose de glyphosate à 3 l/ha (dose recommandée), les salariés pratiquent un semis direct de céréales. L’équipe d’exploitation est particulièrement sensible aux questions relatives à la vie du sol et au stockage du carbone associé aux pratiques de non-travail du sol et cherche à développer ses connaissances sur ces sujets. Elle est à la recherche de conseils techniques pour poursuivre ses transitions agroécologiques : haies bocagères, semis-direct et suppression progressive du glyphosate. Dès septembre 2022, une enseignante sera chargée d’accompagner le projet grâce au dispositif tiers-temps (Carole Bes, enseignante d’agronomie) pour la mise en place de nouvelles pratiques et la valorisation pédagogique des démarches agroécologiques engagées. L’objectif général reste de travailler le moins possible les sols. Disposant d’une herse étrille en CUMA, l’exploitation a un accès limité à un matériel de travail du sol adapté pour gérer les adventices. Elle envisage l’achat d’une herse étrille adaptée à ses types de sols et d’adventices. L’assolement est composé de prairies (permanentes et temporaires), de cultures fourragères (notamment luzerne), de blé tendre, d’orge, d’essais de méteils (blé/orge/pois) et de féverole.

Une perspective de sortie rapide du glyphosate facilitée par l’élevage

Le système d’élevage et la grande diversité des sols de l’exploitation permettent d’envisager une sortie rapide du glyphosate. L’une des pistes examinées par le comité de suivi serait de garder les sols de Causses en prairies naturelles pour une valorisation en pâturage/foin par le troupeau de brebis sans les mettre en cultures comme actuellement (parcelles à proximité du Lycée). Cette piste comporte des contraintes comme la nécessaire implantation de points d’eau sur le parcellaire pour les brebis, la mise en place de clôtures et une surveillance du troupeau.  Des essais seront menés dans ce sens en 2022/2023. Les cultures sur Causses seraient repositionnées sur les autres îlots cultivés ce qui entraînerait de repenser l’organisation du travail. Une première proposition d’analyse globale du système de production et de pistes d’évolution sera élaborée par ce comité de suivi avant l’été 2022 afin d’accompagner l’EPLEFPA dans la voie de sortie du glyphosate et d’émancipation aux intrants chimiques. L’exploitation se donne la durée du projet GLYPHOS’EPA pour l’arrêter définitivement. Ce projet prend tout son sens dans les perspectives d’évolution de l’exploitation avec la production de veaux d’Aveyron (une dizaine) d’ici à 2030 qui permettrait d’améliorer la valeur ajoutée.  Un des enjeux reste de développer le travail en agriculture de conservation (semis-direct) et en couverts végétaux sans emploi du glyphosate. L’utilisation de la fumure organique doit permettre de limiter l’achat d’engrais azotés susceptibles d’augmenter les coûts de production. Jouer sur la diversité de ses sols, la valorisation des troupeaux viandes, la valorisation des fumiers (compostage en particulier) et l’amélioration des rotations (introductions de méteils) et des pratiques culturales, sont les clés de cette exploitation résolument tournée vers la transition agroécologique.


Les chiffres clés

  • Surface totale : 190 ha dont 85 ha de prairies, 42 ha en grandes cultures, 26 ha en cultures fourragères.
  • Productions : 75 vaches allaitants Aubrac (Label Bleu-Blanc-cœur en broutards exportés), 93 brebis allaitantes de race Lacaune viande (label rouge IGP).
  • Transformation : un atelier technologique avec génisses grasses et de réforme.
  • Salariés : 3,5 ETP
  • Chiffre d’affaires : 210.262 € (2019)

Contacts utiles


 

Mai 2022– Philippe Cousinié, animateur Réso'them de l'enseignement agricole