Aller au contenu principal
Logo du ministère en charge de l'agriculture et de l'alimentation

Animation et développement
des territoires
de l'enseignement agricole

PNRI « betteraves sans néonicotinoïdes »

Le double engagement de l’enseignement agricole dans le PNRI « betteraves sans néonicotinoïdes »

Christian PELTIER & Stéphane HERVIEU

L‘Enseignement agricole est engagé dans le PNRI betteraves sans NNI, à la fois au sein des fermes pilotes qui expérimentent des solutions techniques, et dans la production de séquences pédagogiques analysées qui seront diffusées auprès de la communauté éducative. Le tout dans le cadre du plan stratégique « Enseigner à produire autrement ».

1- Volet technique

7 établissements de l’Enseignement agricole, 6 publics et 1 privé, se sont organisés pour agir ensemble dans le cadre des Fermes Pilotes d’Expérimentations (FPE). En tout, ce sont 16 essais qui ont été réalisés dans le cadre des FPE au sein même des Etablissements d’enseignement.

Trois leviers ont été testés dans l’ensemble des sites :

· Les Infrastructures Agro-Écologiques, IAE (7 essais sur 3 ans) directement en collaboration avec l’Université de Picardie Jules Verne ou avec les sucreries (Cristal Union à Obernai) ou l’ITB. L’intérêt des IAE résiderait dans le pouvoir attractif de prédateurs des pucerons.

· Les Plantes compagnes (6 essais sur 3 ans), levier étudié directement par les fermes des lycées et les apprenants. 5 plantes compagnes ont été étudiées : 2 graminées (avoine et orge de printemps) et 3 fabacées (féverole, vesce, fenugrec). L’intérêt des plantes compagnes est de gêner (graminées) ou d’attirer préférentiellement (fabacées) les pucerons.

· Un produit de biocontrôle à base d’huile de paraffine (3 essais en 2023).

Par ailleurs, 3 de ces essais avaient pour objectif d’évaluer l’intérêt de combiner la mise en place de plantes compagnes et des programmes de traitement des parties aériennes avec 1 ou plusieurs produits conventionnels aphicides ou de biocontrôle.

Les essais menés en 2021 et 2023 ne permettent pas d’évaluer l’efficacité des leviers, ni des associations de leviers testés. En effet, la présence en pucerons a été insuffisante pour ces 2 années.

En revanche, la pression a été suffisante en 2022, mais sur seulement 2 essais.

L’essai de Tilloy-lès-Mofflaines met en évidence une baisse de la présence de pucerons et de jaunisse en présence d’avoine, et dans une moindre mesure en présence de féverole, ce qui va dans le sens des analyses de l’ensemble des essais menés dans les FPE. Cependant, des essais ont identifié également l’impact sur la culture même a une date de destruction précoce de la plante compagne (pertes autour de 20%).

L’étude de l’intérêt de plantes compagnes, en particulier des graminées, est à poursuivre. Cependant, il faut bien étudier le facteur « compétition » de la plante compagne pour éviter une perte supérieure au gain.

Les essais, dans leur contexte, menés dans les lycées agricoles ne permettent pas de montrer un quelconque intérêt des IAE sur la gestion des pucerons en culture de betteraves. Bien au contraire, un essai testant les IAE (Brie Comte Robert 2022) a été atteint fortement par la jaunisse avec un intérêt largement insuffisant de la bande fleurie. La perte de rendement a été estimée à 25% (comparaison avec un témoin traité avec un aphicide). Une bande fleurie ou une bordure enherbée mise en place annuellement ne semblent pas être suffisamment efficaces pour attirer suffisamment de prédateurs ou alors ces mêmes prédateurs resteraient au niveau des IAE. Les IAE seules sont insuffisantes. Il serait intéressant de travailler des solutions pour attirer les auxiliaires dans la parcelle et réguler ainsi les pucerons.

La mise en place des leviers étudiés dans les établissements d’enseignement agricole ne pose de problème technique particulier. Si le rapport coût / efficacité est maîtrisé, il semble que ces leviers pourraient être facilement acceptés par les planteurs de betteraves.

Les établissements d’enseignement agricole souhaitent continuer à s’investir dans les essais dans le cadre des FPE. Il sera nécessaire de généraliser où cela est possible l’étude des combinaisons de leviers (plantes compagne et produits de biocontrôle, IAE et phéromones).

 

2- Volet pédagogique et didactique

Le volet pédagogique du projet a été développé dans 6 établissements.

D’une part, les enseignants mobilisés ont activement participé à la mise en place et au suivi des essais sur parcelles. Ils ont engagé avec eux des élèves et étudiants (mesures et suivis).

D’autre part, ils ont construit des séquences pédagogiques à partir des essais mis en œuvre sur les parcelles et des connaissances déjà avérées sur le sujet de la jaunisse, des NNI et de leurs alternatives. Celles-ci couvrent les sujets suivants : représentations-obstacles des apprenants, observation et analyse des résultats d’un protocole, co-conception d’un protocole, impact des bandes fleuries, solutions alternatives aux NNI, pertinence d’une culture betteravière sans NNI en système d’élevage.

A ce jour, une première séquence pédagogique mise en œuvre et analysée est disponible pour la communauté éducative sur le site de l’innovation pédagogique de l’enseignement agricole POLLEN ; trois autres sont en cours de finalisation d’écriture et trois autres en cours de mise en œuvre. La valorisation et l’engagement d’autres équipes enseignantes est un enjeu à venir... à appuyer par une communication renforcée. Les travaux des enseignants ont montré l’importance de mettre en travail les représentations-obstacles des apprenants quant à la possibilité/efficacité de solutions alternatives aux NNI ; ce travail doit être poursuivi sur la diversité des sujets abordés. Les outils didactiques produits montrent l’importance de l’interaction entre ces représentations – nourries par les représentations et conceptions longuement élaborées dans le vécu de pratiques utilisant systématiquement les NNI pour lutter contre la jaunisse dans le monde professionnel de la betterave et du sucre –, les questionnements actuels des praticiens et les savoirs scientifiques. Or cette interaction ne va pas de soi et mérite une attention particulière dont des enseignants – accompagnés ici par un chercheur en sciences de l’éducation de la Bergerie nationale – peuvent être un des garants.

Un des autres intérêts majeurs qui émergent, et sur lequel il serait judicieux de produire des séquences pédagogiques inspirantes dans les suites du PNRI, est celui du raisonnement multiscalaire couplant les solutions à la parcelle et à l’échelle de l’écologie du paysage. La journée « classe ouverte » au lycée agricole de l’Oise le 19 septembre 2023 a montré l’engagement des enseignants, directeurs d’exploitation et apprenants. Des démarches pédagogiques innovantes associant des acteurs diversifiés – suivant un modèle « living lab » – ont émergé et nécessitent encore d’être approfondies.

 

Ces activités s’inscrivent pleinement dans le plan stratégique de l’Enseignement agricole, « Enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agroécologie » (EPA2) dont le leitmotiv est de « marcher sur ses deux jambes » (technique et didactique).

 

 

3- Productions

Récits d’expériences pédagogiques

· Quinton S. (2023). Déconstruire des représentations-obstacles et construire un dispositif expérimental d’alternatives aux NNI en culture de betterave sucrière en BTSA APV.

· Quinton S. (2024). Identifier les enjeux liés à la suppression des NNI en betterave sucrière et découvrir les alternatives aux NNI testées sur l’EPL de l'Oise en filière STAV. 

· Pollier A. (2024). Réfléchir à des méthodes alternatives à l’utilisation des néonicotinoïdes en production betteravière dans l’Eure avec des élèves de Bac Pro CGEA 1. 

· Plet J. (2024). Des solutions alternatives aux néonicotinoïdes en betterave sucrière : une problématique complexe support de l’option EATDD en classe de Seconde au campus Bougainville.

· Iyapah A. (2024). Mener un essai sur betterave avec une classe de BTSA APV dans le cadre du PNRI. 

· Fkihi A. (2024). Mettre à profit l’interdiction des néonicotinoïdes sur betteraves sucrières pour appréhender une nécessaire adaptation par des méthodes alternatives, à une contrainte réglementaire, avec une classe de BTSA ACSE du lycée agro-viticole de Crézancy. 

 

Émissions audiovisuelles de valorisation

3 émissions de valorisation (30 mn) ont été tournée le 8 décembre 2023.  Elles ont été  diffusées les 13, 29, 27 mars et sont en ligne sur le site de Power Boost (TV agri).

En voici les liens :

1- Comment l’Enseignement agricole est intégré dans le PNRI betteraves sans NNI ? - https://www.youtube.com/watch?v=IAwIg5nrZso&list=PLVLI11EYX0C8zP0JMjyuM6K7hQHU2hfaJ&index=2njou,

2- Comment les exploitations de lycées agricoles s’impliquent dans le PNRI betteraves sans NNI ? - https://www.youtube.com/watch?v=2mZhiq3O4cQ&list=PLVLI11EYX0C8zP0JMjyuM6K7hQHU2hfaJ&index=3

3- Quelles implications pédagogiques pour la réduction des NNI en cultures betteravières ? - https://www.youtube.com/watch?v=jlvyTj8fkZ8&list=PLVLI11EYX0C8zP0JMjyuM6K7hQHU2hfaJ&index=1

 

Article scientifique

Peltier, C. (2023). Enseigner-apprendre la réduction des produits phytosanitaires de synthèse. Premiers enseignements d’une recherche menée dans l’enseignement agricole secondaire et supérieur court (dispositifs Ecophyto’TER et PNRI Betteraves sans NNI), Innovations agronomiques, 89, 133-148.